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    Groupe_SER_IDF
  • 6 nov.
  • 4 min de lecture

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Pas une semaine sans que reviennent les commentaires mille fois entendus au sujet du harcèlement scolaire : « le harcèlement scolaire a toujours existé », « c’est une mauvaise phase à passer », « les adolescents sont méchants et cruels entre eux » ...

 

Cette forme déguisée d’acceptation de la violence, cette sous-estimation des traumatismes potentiellement causées ne sont plus tenables. Non, le harcèlement n’est pas une fatalité. Partant, il est possible de le traiter pour mieux l’éradiquer.

 

Il y a quelques années encore, le harcèlement scolaire était un « non-sujet ». Ou plutôt, un tabou. A la fois pas assez important, mais en même temps trop, sans savoir s’il fallait le traiter ni comment se saisir de cet enjeu.

 

Désormais, convenons que les pouvoirs publics ont pris la mesure des drames qui se jouent chaque jour pour des centaines de milliers d’enfants. Ces dernières années, les visages et les prénoms de ces victimes ont en effet envahi l’espace public, provoquant à juste titre une émotion collective.

 

Mais derrière l’émotion, prenons conscience des chiffres qui ne sont pas des faits divers : selon un rapport du Sénat de 2021, près d’un million d’élèves subissent du harcèlement scolaire chaque année. Près d’un tiers des élèves de primaire en aurait été victime, d’après une enquête de e-enfance[1].

 

Ces chiffres sont probants et doivent nous interpeller. Avec l’essor des réseaux sociaux s’est par ailleurs développé le cyberharcèlement qui complique le travail de l’Éducation nationale puisque celui-ci a généralement lieu en dehors de l’enceinte scolaire. Selon la même enquête de e-enfance, 20 % des élèves de primaire disent avoir déjà été victimes de cyberharcèlement, contre 13 % il y a à peine… deux ans !

 

Le harcèlement n’est pas un jeu entre enfants ou entre jeunes, il entraîne des conséquences lourdes et durables, avec souvent des traumatismes psychiques – voire physiques – qui perdurent bien après les faits de harcèlement. Un tiers des victimes évalue sa douleur à un niveau maximal, 9 ou 10 sur 10, révélant une détresse d’une intensité rare.

 

Près de trois jeunes harcelés sur dix ont déjà envisagé de mettre fin à leurs jours, un taux plus élevé encore chez les adolescentes. À cette souffrance psychique s’ajoute une véritable fracture intérieure, puisque 58 % des enfants concernés déclarent avoir totalement perdu confiance en eux. Qui peut encore prétendre que ce n’est qu’une « mauvaise phase à passer » ?

 

Face à ce fléau, deux impasses sont à éviter : celle du déni, et celle de la moralisation abstraite.

 

Le déni, c’est celui évoqué plus haut, celui qui consiste à dire que ce n’est pas « grave » - alors même que des enfants choisissent de mettre fin à leurs jours. Des décennies durant, la société a accepté qu’un élève puisse être humilié sans réaction. Mais le déni, aujourd’hui encore, peut également perdurer quand le « pas de vagues » prévaut sur la prise en compte du réel. Espérons que cette impasse est désormais derrière nous, mais cela nécessite une vigilance de tous les instants.

 

La moralisation, quant à elle, peut se résumer et se limiter à une pétition de principes qui permettrait de se donner bonne conscience sans engager les nécessaires actions de prévention et de remédiation face aux phénomènes de harcèlement. Les enfants « harceleurs » eux-mêmes sont parfois conscients que ce qu’ils font n’est pas « bien » ; ils ne témoignent pas d’une absence de compréhension morale mais cela n’empêche pas le passage à l’acte. Alors, que faire ?

 

Depuis la loi Balanant votée en 2022, le harcèlement scolaire est durement sanctionné, punissable de 10 ans de prison et d'une amende pouvant atteindre 150 000 euros. Le nouveau ministre de l’Éducation nationale a récemment annoncé que 600 poursuites pénales, et plus de 4 200 mesures pénales alternatives, avaient été engagées entre 2022 et la fin de 2024[2]. Si cette réponse pénale est bien évidemment nécessaire, elle est insuffisante.

 

Il convient de développer une vigilance partagée entre l’ensemble des membres de la communauté éducative, dont les élèves. Plusieurs chantiers doivent ainsi être poursuivis et renforcés.

 

Le programme pHARe (« Prévenir, Harcèlement, Réagir ») doit être mis en place de manière effective dans tous les établissements. Les élèves et les familles doivent être sensibilisés, les enseignants formés à la détection des signaux faibles et à l’accompagnement des élèves victimes de harcèlement. Chaque jeune doit être assuré qu’en cas de difficulté avec un camarade de classe, il sera aidé par d’autres camarades et par les adultes de son établissement.

 

Les protocoles de prise en charge doivent être déclenchés dès qu’une situation est identifiée : équipe éducative, atelier de remédiation, suivi de la victime, lien avec les familles. Un suivi thérapeutique doit être systématiquement proposé pour les victimes comme pour les auteurs, afin de rompre le cycle de la violence.

 

Enfin, les actions menées pour renforcer la communauté d’adultes « protecteurs » autour de l’élève, une éducation au numérique responsable dès l’école primaire, la mise en place d’ambassadeurs collégiens et lycéens « Non au harcèlement » constituent autant de leviers pour mettre en place des règles de respect, d’écoute et de bienveillance propices à l’instauration d’un climat scolaire serein pour toutes et tous.

 

La lutte contre le harcèlement entre élèves constitue une urgence absolue non seulement pour notre jeunesse mais au-delà, pour notre société. C’est en unissant les efforts de l’Ecole, des parents, des institutions et des jeunes eux-mêmes que nous construirons une société plus juste, plus solidaire et plus fraternelle.


Yannick TRIGANCE

Secrétaire national PS éducation

Conseiller régional Ile-de-France




 

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